The Bench Incubateur a rencontré Raphaël Bonnaud, entrepreneur français aujourd’hui installé aux Pays-Bas, Co-fondateur, avec Arturo Garcia Fernandez, de l’organisation privée à but social Relief Applications.

T.B.I. : Bonjour Raphaël, peux-tu nous décrire ton parcours avant la création de Relief Applications ?

R.B. : J’ai d’abord débuté ma carrière comme mécanicien avion auprès du ministère de la Défense, pendant 8 ans. Puis, après plusieurs missions humanitaires d’urgence en tant que bénévole auprès de la Croix Rouge, notamment à Haïti et au Sri Lanka en 2003 et 2004, je prends conscience que c’est réellement ce que j’ai envie de faire : avoir un impact dans la vie de ceux qui en ont le plus besoin. Je débute alors une carrière de presque 10 ans dans l’humanitaire, en adéquation avec mes valeurs et mon engagement, auprès d’organisations comme les Nations Unies (World Food Programme), la Croix Rouge, Médecins du Monde ou encore Action contre la faim.

T.B.I : Pourquoi décides-tu en 2014 de fonder Relief Applications ?

R.B. : Avec Arturo Garcia Fernandez, mon ami et co-fondateur, l’idée de « Relief Apps » nous vient alors que nous sommes déployés sur une mission d’urgence aux Philippines avec la Croix Rouge après le passage du supertyphon Haiyan fin 2013.  Le but était de déployer des abris d’urgence pour faire face aux importants dégâts causés par le typhon.
Comme pour beaucoup d’entrepreneurs, l’idée est venue d’un constat. Celui que la limitation de l’usage de la technologie sur les missions humanitaires limite l’impact de celles-ci. Il y avait le besoin et le devoir de créer un lien plus fort entre les nouvelles technologies et l’humanitaire. La création d’une structure privée nous permettrait d’avoir un impact plus important, couplé à un besoin d’efficience.
Nous avons ensuite eu une phase de réflexion entre l’idée qui a germé fin 2013/début 2014 et la création de Relief Applications en septembre 2014.

T.B.I. : Quelle est la mission et le cœur de métier de Relief Applications ?

R.B. : “Bringing IT Solutions to Those Changing the World”. Apporter des solutions informatiques à ceux qui changent le monde. C’est notre mission. Nous n’acceptons les missions que si nous y voyons un réel impact social.
Nous sommes des intégrateurs de technologie. Nous rendons technologiquement possible les idées des organisations que nous accompagnons. L’OMS, L’UNESCO, Médecins du Monde, Reporters sans frontières, et bien d’autres.
Aujourd’hui nos deux gros cœurs de métier sont la mise en place et la gestion de solutions informatiques et le conseil en humanitaire. Nos équipes sont aussi bien composées de diplômés d’écoles d’ingénieurs que d’anciens de MSF ou de la Croix Rouge qui poursuivent chez nous leur vocation.

T.B.I. : Quelles sont les clés selon toi de la réussite de Relief Applications ? Ta passion et tes valeurs te donnent-elle l’énergie nécessaire au quotidien ?

R.B. : Notre conviction et nos valeurs sont notre compas c’est certain. Mais ce qui m’a le plus permis de réussir c’est d’avoir trouvé la bonne personne avec qui m’associer. On peut avoir une très bonne idée, mais si l’équipe n’est pas complémentaire cela ne peut pas marcher. L’entente et l’esprit d’équipe c’est ce qui nous a permis d’en arriver là où on est aujourd’hui.

T.B.I. : Depuis deux ans, l’IA est LE grand sujet d’actualité business. Quels impacts son arrivée a eu sur les activités de Relief Applications ?

R.B. Nous avons toujours utilisé des algorithmes dans nos solutions. Mais l’explosion de l’IA ces dernières années nous a permis de mettre à jour et d’optimiser nos solutions déjà existantes et d’en créer de nouvelles.
Nous avons par exemple développé le Migrant Recruitment Advisor Chatbot pour L’International Labour Organization (ILO) et l’International Trade Union Confederation (ITUC). Le chatbot permet à tout travailleur immigré de pouvoir recevoir des informations et conseils concernant ses droits et ceux de l’agence qui l’emploie. Le site recruitmentadvisor.org permet par ailleurs à toutes ces personnes de consulter les appréciations laissées par d’autres travailleurs au sujet des différentes agences susceptibles de les employer, mais aussi de donner leurs propres retours d’expériences avec ces agences.

T.B.I. : Tu poursuis actuellement L’Executive Master de l’École Polytechnique. Peux-tu nous en dire plus sur ton envie et la nécessité de se former continuellement ?

R.B. C’est vrai que j’en suis déjà à mon troisième Master !  Au-delà de la nécessité de se spécialiser dans nos métiers, cela permet de rencontrer des personnes d’horizons différents, de découvrir de nouvelles façons de penser et de confronter ses idées.

T.B.I. : Pour finir cet entretien Raphael, quels conseils aurais-tu pour les entrepreneur.e.s qui se lancent ?

R.B. : On a tous des idées quand on va prendre notre douche. Savoir les mettre en place est le point fort de l’entrepreneur à succès selon moi.
Il n’y a pas de secret, pas de magie, il faut du travail. Il faut aller à la pêche à l’information, poser des jalons. On va avoir une idée, on va la bosser, chercher à qui on a besoin d’en parler… Et au fur à mesure les planètes vont s’aligner. Gratter, mettre les mains dans la terre et c’est là que naîtront d’autres grandes idées !

En parallèle de son rôle de CEO, Raphaël continue aujourd’hui d’apporter son aide sur de nombreuses missions humanitaires. Des missions qui l’ont tour à tour mené au Népal à Haïti, ou encore au Congo en réponse à la crise Ebola.